Nyon, le 16 mai 2023

La question est vaste et il faudrait un bouquin entier pour y répondre de manière exhaustive. Et encore, cela reste une mission très compliquée tellement la faune et la flore du lac peuvent être dynamiques et certaines espèces pas si faciles à détecter.

Nous allons toutefois tenter de répondre ici dans les grandes lignes.

Bien sûr, quand on évoque la faune et la flore du Léman, on pense immédiatement aux poissons, aux plantes aquatiques, aux écrevisses ou encore aux oiseaux d’eau. Mais la biodiversité du Léman est bien loin de se résumer à cette seule biodiversité facilement visible. 

En réalité, une grande partie des animaux est très discrète, voire difficilement visible à l’œil nu. Quant aux plantes, la majorité des espèces est carrément microscopique !

 Il faut aussi poser la question des limites. Nous inclurons ici des espèces vivant, à au moins un stade de leur vie, dans le lac. Mais devons-nous considérer aussi les espèces présentes sur les rives, plus particulièrement dans les ceintures végétales type roselières, à l’interface entre la terre et l’eau ?
L’écosystème dans lequel ces espèces-là évoluent étant en grande partie dépendant du lac, il ne serait pas illogique de les inclure. Dans tous les cas, 80% de la faune et de la flore se trouve depuis la surface jusqu’aux 15 premiers mètres de profondeur environ. Au-delà, le manque de lumière ne permet plus la photosynthèse, première étape clé des chaines alimentaires.
Commençons par les animaux, et par la surface !

Si on tient compte de toutes les espèces d’oiseaux, sédentaires, seulement de passage, présentes en hiver, ou juste au printemps et en été pour nicher, ils ne sont pas moins de 79. Cela va du Colvert connu de tous et de toutes, au très rare Eider à duvet par exemple, en passant par le majestueux Grèbe huppé, le discret Blongios nain caché dans les roselières, sans oublier l’emblématique Cygne tuberculé.

A l’interface terre-eau, il y a bien sûr les amphibiens qui trouvent dans les marais qui jouxtent le lac, comme aux Grangettes ou à la Pointe à la Bise, des milieux accueillants. Et n’en déplaise aux ophiophobes, certains serpents, comme la couleuvre vipérine, apprécient les baignades lémaniques (cf l’article de Sylvain Ursenbacher, Dr en Science et herpétologue, « Y a-t-il des serpents dans le lac ? »).
Côté mammifères, les roselières en bordure du Léman peuvent également accueillir des micromammifères comme des souris des laîches, et il arrive de trouver des traces de castor !
Les bordures du lac sont aussi le paradis des chauves-souris pour qui le Léman est une importante source d’eau et de nourriture grâce à la profusion d’insectes. Le Murin de Daubenton peut même saisir des alevins !
Sous la surface ça se corse. Bien entendu, il y a les poissons. Le numéro 125 de Lémanique (ASL) en a répertorié 50 de façon très exhaustive, qu’ils soient locaux ou introduits. Parmi les espèces les plus courantes, on compte la perche, le brochet, le rotengle, le corégone, la carpe, l’omble chevalier, la brème, la tanche, la truite lacustre, le chevaine ou encore le barbeau. Coté espèces introduites, citons par exemple le silure, la perche soleil ou même le poisson rouge ! 

Mais il n’y a pas que des poissons dans la colonne d’eau. Si vous prenez un verre d’eau du Léman et que vous l’observez au microscope, c’est toute une jungle insoupçonnée que vous découvriez : des crustacés minuscules comme des daphnies, des rotifères caractérisés par leur couronne de cils autour de la bouche, de minuscules méduses, ou encore des larves de moules quagga, encore libres, avant de se fixer, une fois adulte, à un support. Tout ce joli monde fait partie du zooplancton, des animaux souvent oubliés mais faisant partie intégrante de l’écosystème lémanique.

Allons voir plus loin d’autres animaux discrets. Saviez-vous que lorsque vous marchez dans le lac à la belle saison, vos pieds croisent d’innombrables petites bêtes toutes plus fascinantes les unes que les autres ? Dans et sur le sable, de redoutables prédateurs sont à l’affût : larves de libellule, d’éphémères ou encore vers plats minuscules et souvent juste de passage car ils vivent en général aux dépens d’autres espèces, à l’intérieur de leur organisme.

Enfin, il y a même des animaux tout mous dans le lac : des éponges et des mousses !